La paumée amnésique se ramène !

HISTOIRE - « Bonjour… Je suis…. A vrai dire je ne sais pas. J’ignore totalement qui je suis. Mon passé est une page blanche, et ce monde est totalement nouveau pour moi. La Lune m’a dit que mon nom serait Moonwish –Moon’s Wish, le Souhait de la Lune- alors c’est ainsi que je m’appellerai pour tous ces gens qui ont besoin d’un nom pour avoir une identité. C’est un beau titre que la Lune m’a donné… Si poétique ! C’est avec honneur et fierté que je le porte.
Je n’ai pas de nom, et pas de passé, alors j’estime que je n’ai pas d’identité… Pas encore ! Mon combat de tous les jours me permettra de savoir qui je suis, je le sais !
Oui, vous avez bien entendu. Pas de passé. Ou du moins pas de passé que je connaisse. Il se trouve que je suis complètement amnésique. Alors comment vous raconter mon histoire ? Je suppose que la seule chose que je puisse faire est de vous raconter les événements qui se sont succédé dès mon réveil.

C’était par une nuit de pleine lune. Je sentais les doux rayons de ma chère Lune caresser ma peau.
Je sentais le tronc d’un arbre contre mon dos, la mousse sous mon corps et sur ma joue. J’étais recroquevillée, comme un bébé dans le ventre de sa mère ou un animal assoupi, ne connaissant plus la méfiance. J’entendais une multitude de sons autour de moi. Le vent qui faisait siffler les branches, le chant des grillons dans les hautes herbes, les coassements des rainettes, le craquement des branches, le bruissement léger des feuilles, le son mou de la mousse son mon poids, les déplacements à pas feutrés des bêtes, les vols des oiseaux. De nombreuses odeurs me parvenaient également. L’odeur de l’herbe mouillée, l’odeur de la nature, de la mousse, du bois humide, le parfum des fraises des bois et des fleurs sauvages.
Je demeurais pendant de longues minutes dans cette position. A sentir. A écouter. Je m’apprêtais à naître, et je prenais tout mon temps pour me familiariser à ce monde qui m’attendait.
Enfin, je me sentis l’énergie de bouger. Je me tournai, pour atterrir sur le dos, la mousse amortissant mes mouvements. Puis je commençais à m’étirer, me familiarisant avec mon propre corps. Les bras, les jambes, le dos, le cou, le buste. Finalement, je me redressais, me retrouvant à genou, et me frottais longuement les yeux, tout en dégageant les mèches de cheveux qui obstruaient mon visage.
Quand j’ai ouvert les yeux pour la première fois, un spectacle splendide s’offrit à ma vue. Les arbres qui tendaient amicalement leurs branches vers moi, l’herbe fraîche constellée de perles de rosée étincelantes, les yeux des animaux luisant comme des joyaux derrière les buissons croulant sous les baies… Je levais la tête, et pu apercevoir les branchages de l’arbre qui m’abritait. Il était couvert de fleurs roses, presque blanches. Des fleurs fraîches, fragiles, éphémères, mais somme toute magnifiques. Les admirer faisait partie de ces moments précieux qu’il faut savoir saisir à temps.
Enfin je vis le ciel, ce ciel nocturne d’une couleur jouant entre le bleu le plus profond et le noir, couvert d’étoiles scintillantes qui semblaient me sourire. Et au centre de cette somptueuse voûte céleste trônait la lune. Immense, blanche, ronde, lumineuse, je la voyais presque me sourire avec douceur, comme une mère sourit à son enfant. Elle était magnifique, fascinante. Son influence sur la nature, je le sentais, était puissante, et sur moi aussi. Après quelques instants de respectueuse contemplation, un événement étrange survint.
J’entendis une voix.
Dans ma tête.
Et cette voix, je le savais, venait de la Lune.
« Tendre créature, tu ne sais rien. Chère enfant, je t’ai ramenée ici. C’était mon souhait. Tu as quelque chose à accomplir en ce monde. J’espère que tu accepteras de porter pour moi ce nom qui te représente : Moonwish. Je souhaite que ce monde ne t’infligera pas les blessures qu’il t’a infligé par le passé. Adieu, belle enfant… »
Sur ces mots, la douce voix de la Lune se retira, me laissant perplexe.  Ses paroles résonnèrent en écho pendant de longs instants dans mon esprit et dans mon cœur.

C’est ainsi que j’ai découvert le monde. J’eu vite fait de me décider à découvrir tout ce qu’il avait à offrir, et à découvrir qui je suis. J’avais tant de choses à apprendre ! J’étais totalement vierge de toute connaissance et de toute expérience, ainsi j’étais un être malléable qui se façonnerait à l’image de ce monde.
Je me posais beaucoup de questions. Qu’est ce qui est bien ? Qu’est ce qui est mal ? Qu’est ce qui est dangereux ? Qu’est ce qu’il ne faut pas faire ?
Des interrogations s’imposant d’ordinaire à l’esprit des jeunes enfants. Mais j’étais aussi inexpérimentée qu’eux, alors quoi de plus naturel que de poser de si simples questions ?

Au fil de mes découvertes, je me suis trouvé une passion. Quelque chose qui me faisait vibrer de la tête aux pieds. Quelque chose qui me donnait l’impression d’être moi-même, qui que je sois.
Le chant. Je savais chanter ! Les hommes ont souvent dit que j’avais une voix extraordinaire, si belle qu’elle en était surhumaine voire divine, que jamais auparavant ils n’avaient entendu quelque chose de si beau. J’ai souvent rougi à ces remarques. Je ne chantais que parce que c’était important pour moi, et que j’avais le sentiment que cette capacité me permettrais de trouver ma véritable identité, non pas pour plaire ou parce que c’était beau.
Mais autre chose se cachait derrière cette voix. Un cadeau aussi divin qu’empoisonné. Cette voix est magique. Elle est capable d’envouter et contrôler n’importe quel être vivant. Or, je ne maîtrise absolument pas ce pouvoir, ce qui m’a souvent trainée dans des situations délicates, ma maladresse n’arrangeant rien. De plus, ce pouvoir bien que puissant épuisait mes forces vitales, c’est pourquoi je ne pouvais l’utiliser que pendant une durée limitée, sinon je m’évanouissais.

Après la forêt, j’ai découvert la ville et la civilisation. Ce monde qui m’était apparu comme merveilleux s’encrassa soudain de taches sombres.
Les hommes. Quels êtres faibles et impulsifs ! Ils ont beau se dire maîtres de ce monde, leurs instincts sont aussi primitifs que ceux des bêtes. L’homme a peur de l’inconnu. Et ce dont il a peur, il le persécute, il le détruit. La TSW en est un bel exemple. Ainsi, ma chevelure bleue, mon étrange allure et mon pouvoir me valurent bien des peines, et l’impossibilité de me faire une place auprès des hommes. Mais je gardais toujours espoir et sourire, et faisais de mon mieux.
Les traqueurs de la TSW eurent vite fait de me prendre en chasse. Dénoncée à plusieurs reprises par des habitants de la ville, j’ai réussi à déjouer nombre de fois les pièges des traqueurs. Mais un jour, un drame se produisit. Cherchant à me défendre, j’ai utilisé mon pouvoir sur un traqueur qui m’attaquait. Il était bien plus fort que moi alors j’ai perdu tous mes moyens… Perdant le peu de contrôle que j’avais sur la magie de mon chant, je l’ai tué. Horrifiée devant ce cadavre que j’avais fait, je suis restée tétanisée à fixer son visage blême, paralysé par la douleur. Fondant en larmes, je me suis écroulée au sol et me suis rendue. Je n’étais plus innocente dans cette affaire. J’avais tué. J’étais bel et bien un monstre !
Tuer, c’est mal. Mais s’en prendre à des innocents c’est mal aussi, pas vrai ? Ils s’en sont pris à moi quand j’étais innocente, mon seul crime étant celui d’exister. Et pousser les innocents à devenir coupables, c’est mal, aussi ? Est-ce que ma différence fait de moi un monstre ?
Je ne sais plus. Je ne comprends pas. Je ne m’explique pas leurs agissements. Tout ce que je pensais savoir se remet en question, mes notions de bien et de mal commencent à se confondre. J’ai maintenant tout le loisir d’y réfléchir, depuis ma cellule. Je suis prisonnière de la TSW, qui m’a donné le nom de code de Heaven Law, la Loi du Paradis, en raison de mon puissant pouvoir et de mes allures angéliques, selon eux. Après nombre de douloureux tests, ils ont percé mon pouvoir à jour, et s’intéressent à moi de très près. Selon eux, j’aurais un énorme potentiel meurtrier, sous peu que je maîtrise mon pouvoir.
Je ne veux plus tuer…
Je ne veux pas perdre mon cœur…
Je ne veux pas devenir une arme…
Si je perds mon âme, je ne serais plus qu’une machine de guerre…
Il faut que je trouve un moyen de m’enfuir, et vite ! Il ne faut pas que je perde espoir, sinon je ne tiendrais jamais bon ! Je partirais, et je ne partirais pas seule !
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