Une mission qui vaut beaucoup, mais qui donne autre chose que ce qu'on est venu chercher // PV My Tigrounette Livaille <3 //

Eole souffla, comme amusée ou encore agacée. Il était vrai que ma zen attitude dans un moment aussi critique que celui dont on était à cet instant devant être aussi chiant que de la poussière sur des vêtements censés être propre. Ouiiiiiii on aura vu mieux comme comparaison mais que voulez-vous, c'est la maniaquerie qui ressort, c'est tout.
Bref, ma camarade me regarda dans les yeux tandis que nos deux visages étaient à quelques centimètres l'un de l'autre (rendant la chose, je l'avoue, très bizarroïde). Puis elle me murmura avec sa voix d'ange :
_ Livaille... Je suis tout bonnement incapable de te faire du mal. Tu en as eu toi même la preuve. Tu m'as sauvée de la mort, m'as aidé à monter au sommet de cet arbre, as pansé mes blessures et as veillé sur moi. Alors te frapper, je crois, et bien la dernière des choses que je ferais.
J'étais près à rétorquer qu'elle me devait beaucoup de choses quand je remarqua que quelque chose n'allait pas chez elle. Ou plutôt dans ses paroles.
Ô
Mon
Dieu.
Venait-elle d'avouer qu'elle ne pouvait pas me faire de mal parce que elle ne le souhaitait pas ? Que je l'avais aidé dans quelques actions par-ci par-là ? (Sous-entendu de sa réponse, en gros : "Je t'aime et toi ?")
Bon, je me voyais mal la pousser de l'arbre pour préserver mon image de gars inaccessible et froid et surtout parce que je voulais dire la STRICTE vérité. La pure, la bonne :
-Ouais, en gros, si tu venais à me découper les bras tout en me torturant, je crois que je serais incapable de te faire autre chose qu'un gros câlin. Alors... J'hésita et tenta un Alors ça voudrait dire que je t'aime et que je te protégerai de tout.
Voilà tout les mots qui m'avaient brûlés les lèvres depuis longtemps. Enfin, j'avais pu lui dire. J'attendis donc ce qu'elle allait faire, détendu sur cette branche qui frémissait sous nos poids collectifs.

Livaille semblait être en plaine réflexion, mais après tout, c'était normal, après les cinq dernières minutes qui venaient de s'écouler. Elle même était plutôt, troublée, elle n'avait pour tout dire jamais été dans cet état. Enfin, il planta son regard dans le sien, avant de dire ce qu'Eole n'avait encore jamais entendu auparavant:

_ Ouais, en gros, si tu venais à me découper les bras tout en me torturant, je crois que je serais incapable de te faire autre chose qu'un gros câlin. Alors... Il hésita quelques secondes, avant de poursuivre sa phraseAlors ça voudrait dire que je t'aime et que je te protégerai de tout.

La jeune femme aux cheveux aussi noirs que la nuit qui les enveloppait n'en cru pas ses oreilles. Que venait-il de dire ? Des centaines d'images du passé se bousculèrent dans son esprit, elle se revoyait vivre des instants heureux avec sa soeur et ses parents, puis bien d'autres choses encore. C'était... Elle n'arrivait plus à trouver les mots, c'était la première fois que ça lui faisait cette impression là, d'être seule avec Livaille, qu'il soit son attache, et que surtout il l'aime. Elle n'aurait jamais pensé dire ça un jour, mais elle murmura en baissant un peu le regard:

_ Je n'ai jamais vraiment su ce qu'était "aimer", mais en tout cas, Livaille, je crois que moi aussi, je t'aime.

Aucune sournoiserie. Juste de la vérité, de la sincérité. Et... de l'amour ? Doucement, Eole posa ses lèvres sur celle de Livaille, mais cette fois elle ne les retira pas. Pas tout de suite. Elle voulait essayer de graver cela dans sa mémoire, dans la toute petite partie joyeuse et insouciante se trouvant au plus profond de son coeur.

Eole sembla réfléchir. En fait, elle devait ressasser son passé, fouiller sa mémoire et les sentiments qu'elle avait déjà dû éprouver auparavant. Avait-elle déjà ressenti de l'amour avant ? Dans mon cas, je n'avais reçu que l'amour familial d'un père qui m'avait adoré et dont je ne gardais que le souvenir de la vengeance. Elle seule qui me servait désormais à me souvenir de lui.
Que les souvenirs remontaient vite ! Et souvent au mauvais moment, celui où on s'y attendait le moins. Car dans cet instant tranquille, à la lueur de la pleine lune, à cet instant où Eole et moi nous déclarons nos sentiments, voir remonter les souvenirs était le plus souvent... dérangeant.
Ma camarade me souffla doucement :
_ Je n'ai jamais vraiment su ce qu'était "aimer", mais en tout cas, Livaille, je crois que moi aussi, je t'aime.
Puis, lentement, délicatement, elle posa ses lèvres sur les miennes. Elle ne les retira pas. Moi non plus. Je voulais profiter de ce moment de paix pour éliminer ce qu'il me restait de mémoire enfantine pour les remplacer par ces moments que je passerais avec ma chère Eole.
A contrecœur, j'enleva mes lèvres des siennes et murmura à ma chère chérie :
-Quand je pense qu'on est censé être en mission... Le hasard fait bien les choses.
Que rajouter de plus ? Je ne voulais qu'attendre ses gestes en silence, rester contre elle tout aussi en silence.
Mais quelque chose me disait que la nuit serait merveilleuse ce soir...

Une bouffée de chaleur s'était emparée d'Eole dès l'instant où elle avait déposé ses lèvres sur celles de son camarade, les unissant sous une nuit claire et parsemée d'étoiles témoins de ce qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Cela lui faisait du bien, un bien fou, comme si à l'intérieur d'elle même on la berçait, la cajolait, était aux petits soins pour elle. Mais elle dû, à contrecœur, laisser Livaille retirer ses lèvres des siennes, avant qu'il ne murmure:

_ Quand je pense qu'on est censé être en mission... Le hasard fait bien les choses.

La mission. A vrai dire, Eole l'avait totalement oubliée. De plus, cela ne la dérangeait absolument pas de ne pas la remplir. Car elle savait bien que, dans un futur pas forcément si lointain, quand les détenteurs seraient tous exterminés ou enrôlés dans les armées, on s'occuperait d'eux. Oui, ils n'étaient que des pions du gouvernement, et c'était pour cela qu'Eole imposait la crainte et le respect envers elle aux autres de son rang. A tous... sauf à Livaille. Lui était différent. Lui était ce qu'au fond elle avait toujours désiré. Quelqu'un comme elle. Et ils étaient seuls, dans la nuit, pouvant profiter de l'obscurité au maximum pour être ensembles. La jeune femme ne dit rien, mais elle se serra tendrement contre Livaille en posant sa tête sur son épaule.